Pourquoi et comment identifier et enregistrer vos lamas et alpagas ?
par Bernard Giudicelli, Docteur vétérinaire
IDENTIFICATION & ENREGISTREMENT - Janvier 2015
L’identification consiste à attribuer un numéro unique et permanent à un animal.
Chez les humains, l’attribution d’un numéro unique est basée sur le sexe, date et lieu de naissance, c’est notre numéro de Sécurité Sociale. Ce numéro nous est propre mais il est dématérialisé (nous ne l’avons pas inscrit sur notre corps) .
Chez les animaux, le numéro d’identification est toujours marqué d’une façon ou d’une autre sur le corps (tatouage, boucle, puce électronique …). Il est ensuite enregistré dans une base de donnée appelée « Registre » qui introduit d’autres données telles le nom, sexe et âge de l’animal, les coordonnées de son propriétaires, et éventuellement des données sanitaires ou techniques selon l’utilisation faite du registre. Il est clair qu’apparaît une notion de confidentialité qui sera en partie fonction des liens unissant le Registre à d’autres structures. Plus le Registre est indépendant, plus les données de confidentialité sont importantes. Les transmissions de données d’un propriétaire à un autre à l’intérieur d’un Registre dépendent du Règlement du Registre. Ainsi un registre tel que LAREU qui enregistre des lamas et alpagas en Europe refuse de transmettre les données d’un propriétaire à qui que ce soit, administration comprise. Lorsqu’un animal est retrouvé avec un numéro de puce, LAREU est contacté et se charge d’informer le propriétaire sans transmission de ses coordonnées (sauf avis contraire). Un registre d’éleveurs sélectionneurs peut offrir des possibilités d’échanges entre les éleveurs, (par exemple diffusion d’informations sur des mâles) mais la thématique est alors totalement différente.
Plus de renseignements sur Lareu.org ou sur Lareufrance.fr :
Les animaux de rente de ferme :
En France, l’identification et l’enregistrement des animaux de ferme dont les produits ( lait, viande ) sont destinés à l’utilisation humaine sont obligatoires. Cette identification est réalisée à l’aide de boucles d’oreilles comportant numéros et/ou codes barres, ou dans certains cas de puces électroniques.
Les établissements départementaux d'élevage (dépendants du Ministère de l’Agriculture) ont la responsabilité de mettre à jour la base de données nationale d'identification (BDNI).
Cette base a pour objet d'identifier et d'enregistrer les mouvements d'animaux d'élevage (bovins, ovins/caprins, porcins). Elle comprend les éléments suivants :
des marques auriculaires pour l'identification des animaux ;
des bases de données informatiques ;
des passeports pour les animaux ;
des registres individuels tenus dans chaque exploitation.
Les équidés :
Les équidés, dont seuls certains spécimens sont élevés pour la viande, ne peuvent pas entrer dans ce schéma d’animaux de rente. Aussi, la gestion de l’identification des équidés est assurée par l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) au travers de la base centrale SIRE (Système d’information relatif aux équidés). Tout équidé résidant sur le territoire français est répertorié avec un numéro d’identification unique dans la base nationale SIRE, qui compte plus de 900 000 équidés.
Cette base permet de contacter la personne responsable d’un cheval ; chaque changement de propriété doit être enregistré dans cette base ainsi que les lieux de résidence de l’animal.
Les carnivores domestiques :
L’identification et l’enregistrement des carnivores domestiques (chiens, chats et furets) est obligatoire en France. L’identification par puce est réalisée par les vétérinaire (puce électronique ou tatouage) et l’enregistrement est assuré par I-Cad (identification des carnivores domestiques), entreprise privée choisie par le ministère de l’Agriculture. L’identification des chiens et des chats est obligatoire préalablement à leur cession, à titre gratuit ou onéreux. Il en est de même, en dehors de toute cession, pour les chiens nés après le 6 janvier 1999 âgés de plus de quatre mois et pour les chats de plus de sept mois nés après le 1er janvier 2012.
Les lamas et alpagas :
Le vide juridique concernant l’identification et enregistrement de nos animaux est en train de se combler.
Le législateur a en effet inscrit une sous section 6 « identification des camélidés » dans le Code Rural. Il est précisé ( paragraphe 3, article D 212-77-6) que « Les camélidés détenus en France doivent être identifiés et enregistrés au fichier central zootechnique des camélidés avant tout mouvement et au plus tard dans les six mois suivant leur naissance par l’implantation d’un transpondeur ou par la pose de deux repères auriculaires agréés dont un électronique conformément aux dispositions précisées par arrêté du ministre chargé de l’agriculture. »
Ceci appelle deux observations. Premièrement, le fichier central zootechnique des camélidés n’existe pas encore. L’IFCE (Institut français du cheval et de l’équitation) a été désigné pour créer ce fichier et a deux ans pour le faire. Mais une autre structure, « veto-nac » enregistre déjà des camélidés en France avec un peu plus d’un millier d’animaux à ce jour, et aimerait bien proposer ses services les annonçant moins chers que l’IFCE. Deuxième observation, les « repères auriculaires agréée » c’est à dire des boucles à mettre aux oreilles, n’existent pas non plus. Ils seraient gérés par les EDE et les chambres d’agriculture. Le propriétaire devra donc impérativement être agriculteur enregistré à la MSA, et posséder un numéro d’élevage attribué par l’EDE.
Donc, pour le moment, en attendant que cela se mette en place, la seule obligation est l’identification, avec une puce électronique puisque rien n’est encore dit quant aux boucles. En cas de « contrôle », il faut pouvoir prouver que les animaux sont identifiés. Une possibilité est d’avoir toujours un lecteur de puce sur soi, une autre est d’avoir un document attestant la bonne identification des animaux. Si c’est un vétérinaire qui a identifié, vous avez un papier de lui, sinon, la solution est d’imprimer la liste de vos animaux (très facile par le biais de LAREU /« view my animals ») avec leurs numéros de puce et de la faire contrôler et signer par un vétérinaire lors d’un passage de ce dernier. Si vous possédez un passeport LAREU, la page 9 est prévue pour ça. Un certain nombre d’éleveurs de lamas ou d’alpagas posent eux-même les puces sur leurs animaux; il faut savoir que l’administration n’acceptera pas cette situation. Le garant officiel de l’identification par puce est le vétérinaire, donc à chacun de prendre ses dispositions.
LAREU possède le listing d’une très grande majorité de propriétaires français. Ce listing intéresse certains organismes. Il est hors de question de transmettre nos données sans l’accord des intéressés, et encore moins de vendre notre fichier. Aussi nous réfléchissons à la possibilité laissée aux adhérents de pouvoir transmettre eux-même leurs données personnelles, par informatique, ce qui permettrait de diminuer les coûts ( qui sont pour l’instant totalement inconnus).
LES PUCES UTILISEES :
Les puces électroniques d’identification doivent être aux normes « ISO » et portent un code unique à 15 chiffres. On trouve encore dans le circuit des anciennes puces non ISO codées avec des lettres et des chiffres avec moins de 15 caractères ; le problème est qu’on ne peut pas les lire avec tous les lecteurs actuels.
Le code d’identification en France est ainsi déterminé :
les trois premiers chiffres correspondent au code du pays (le code de la France est 250),
les deux suivants au code espèce (22 pour les espèces non domestiques, 25 pour les équidés, 26 pour les chiens,
chats et furets),
les deux suivants au code fabricant (par exemple 95 pour Allflex, 98 pour Merial, 41 pour Vethica …),
et les huit derniers au numéro d’identification individuel attribué à l’animal portant la puce.
Les petits camélidés n’entraient dans aucune catégorie, donc on utilisait des puces « neutres » sans codification, dont le numéro commençait par 985. Certains propriétaires ont mis des puces chevaux ou chiens, mais avec la puce, ils payaient inutilement le coût de l’enregistrement sur le fichier attenant.
Récemment, un nouveau code est apparu. Le code 9xx en début du code d’identification à 15 chiffres où xx est un code laboratoire. Ce code est attribué aux animaux de faune domestique autres que ceux déjà définis (chiens, chats, furets chevaux et animaux de ferme). Les lamas et alpagas entrent dans cette catégorie, et il faudrait donc utiliser ces puces pour les identifier. Pourquoi l’administration a-t-elle créé un nouveau système d’encodage pour cette catégorie d’animaux ? Pourquoi ne pas avoir continué sur ce qui existait déjà : code pays, code espèce (en mettant alors un code non utilisé 27 ou 28 par exemple), code laboratoire etc ? Les voies de l’administration restent parfois impénétrables … Quoiqu’il en soit nous devons utiliser en priorité ces puces. Une identification homogène de nos animaux ne peut que conforter notre sérieux.
On voit circuler des animaux nés en France et porteurs de puces allemandes (276), belges (056) ou provenant d’autres pays. Je pense que c’est une erreur. Votre vétérinaire peut facilement se procurer ces puces auprès de Vetonac. LAREU également propose des puces vendues au prix coûtant et reliées à la création du passeport européen (www.lareufrance.fr).
OU METTRE LA PUCE ?
Là encore, il n’y a aucune obligation. Il a été conseillé il y a plus de vingt ans d’implanter la puce à la base de l’oreille gauche de l’animal. Cet emplacement a été défini à la suite de différents essais et donne satisfaction. C’est donc là qu’il est conseillé de mettre la puce sur les lamas et alpagas. C’est là que l’on cherchera en priorité à lire le numéro avec le lecteur. Mais encore une fois, il n’y a pas d’obligation et chacun est libre de faire comme il a envie. Si l’éleveur veut que la puce soit au milieu de l’encolure comme pour les chevaux ou en avant de l’épaule, pourquoi pas. Mais insistons pour que la puce reste du côté gauche de l’animal et dans son tiers antérieur. On a vu des puces mises sous la queue, ce n’est pas sérieux et leur lecture relèvera du pur hasard…
CONCLUSION
Il ne faut surtout pas hésiter à identifier ses animaux en utilisant si possible des puces « homologuées ». Nous conseillons d’enregistrer sur LAREU qui offre des garanties de confidentialité et d’indépendance, tout en étant gratuit. En sachant que plus LAREU aura d’animaux enregistrés, plus il aura de force face au futur organisme « officiel » pour proposer des transmissions de données qui permettront de faire baisser de façon importante les prix qui seront demandé par cet organisme.
Janvier 2015