ALIMENTATION DES LAMAS ET DES ALPAGAS
par Bernard GIUDICELLI
 




Voici un article écrit il y a quelques années, que nous avons réactualisé.
 

Variation des besoins
 
          Les besoins des lamas et alpagas sont fonction de la taille de l’animal et de son stade physiologique : les besoins ne seront pas les mêmes entre un jeune en pleine croissance, une femelle qui allaite et un mâle castré qui ne travaille pas...
 
          La taille
         
En ce qui concerne la taille, nous nous sommes aperçus que les besoins étaient proportionnels au poids de l’animal ET aussi à sa surface corporelle. Or, plus un animal est petit, plus sa surface corporelle par rapport à son poids est importante. Un alpaga aura donc proportionnellement des besoins plus importants qu’un lama (“proportionnellement”). C’est la raison pour laquelle les calculs sont proposés non pas par rapport au poids brut de l’animal, mais par rapport à son poids métabolique qui est égal au poids en kg auquel on applique un exposant 0,75.
 

          Les stades physiologiques
 
La maintenance :
Les animaux sont considérés en maintenance lorsqu’ils sont adultes (à partir de 3 ans chez les petits camélidés) et qu’ils n’ont pas d’activité spéciale nécessitant une sur-alimentation. C’est par exemple le cas des mâles au pré dont les seuls besoins alimentaires leur servent à rester "en état", sans maigrir ni grossir. Ce sont ces besoins qu’on appelle besoins de maintenance, par opposition aux autres besoins, souvent plus importants, qui sont relatés ci-après.
 
La croissance :
Jusqu’à 2 ans, la croissance des lamas et alpagas est importante, puis elle continue encore une année, mais moins marquée. Pendant cette croissance, ils fabriquent des muscles, des os, etc... Un jeune lama peut ainsi grossir de 500g par jour. Les jeunes sont également plus actifs que leurs aînés donc dépensent plus. En tenant compte de ces paramètres, les besoins de croissance sont estimés à 2 fois les besoins de maintenance.
 
La gestation :
Une femelle lama ou alpaga est pratiquement en gestation pendant toute sa vie productive, puisqu’elle va être généralement resaillie peu après la mise bas. Pendant les six premiers mois de gestation, le foetus et les annexes fétales sont très petits et donc les besoins alimentaires des femelles pendant cette période sont identiques aux besoins d’entretien (attention toutefois si cette femelle allaite : voir besoin de lactation). Il ne faut donc pas sur-alimenter une telle femelle sinon elle va engraisser et cela entraînera des risques importants au moment de la mise bas. Par contre en fin de gestation, le foetus grossit énormément de même que les enveloppes, ce qui nous fait estimer les besoins de fin de gestation à 2 fois les besoins de maintenance.
 
La lactation :
Une femelle nourrit son petit pendant environ six mois. Le pic de lactation, c’est-à-dire la période de plus forte production de lait, se situe vers un mois. Les besoins de lactation sont variables et dépendent essentiellement des réserves corporelles de la mère. Ils varient entre 1 et 2,5 fois les besoins de maintenance.
 
Le travail :
C’est le cas du lama de randonnée lorsqu’il doit marcher longtemps, plusieurs jours de suite, et porter une charge de plusieurs dizaines de kilos. Cet animal a des besoins énergétiques augmentés. Ils varient en fonction de la difficulté de la randonnée. On considère qu’un lama qui fait une petite promenade le week-end n’a pas de besoins supplémentaires. Les besoins de travail varient ainsi entre 1 et 3 fois les besoins de maintenance.
 

          Comment satisfaire ces besoins
 
Le foin et l’herbe
La microflore et microfaune du Compartiment C1 de l’estomac du lama ont un grand pouvoir de dégradation de la cellulose, ce qui lui permet une très bonne valorisation des herbages grossiers (broussaille), meilleure sans doute que celle de l'alpaga. Ce dernier demande plutôt des prairies.
 
La nourriture des petits camélidés est essentiellement fournie par les végétaux verts ou secs (herbe, foin, grain). Ces végétaux doivent apporter les éléments nécessaires pour couvrir les besoins physiologiques des animaux. On estime qu’une ration de maintenance est égale à 1,8% du poids du corps en matière sèche (à titre de comparaison, les besoins d’une brebis sont d’environ 3% : le lama "rentabilise" beaucoup mieux sa nourriture).
 
Un lama de 150 kg consommera 150 x 1,8% = 2,7 kg de matière sèche.
Le foin contient à peu près 90% de matière sèche.
Le lama de 150 kg consommera 2,7 x 100/90 = 3 kg de foin par jour.
 
Si l’on veut augmenter la ration, sachant que le lama ne pourra pas ingérer plus de foin, on lui donnera une alimentation concentrée sous forme de granulés ou de grains (orge aplatie par exemple).
 
Complément d’alimentation : le grain ou le granulé
Quel granulé choisir ? Ce qui compte, c’est qu’il soit appétant pour l’animal. On choisira un granulé moyennement riche en protéine, 12 à 14%, et que le lama mangera avec plaisir. Un aliment hypersophistiqué qui reste dans la gamelle ne sert à rien !
 
Quelle quantité donner ? Tout dépendra de la taille et de l’état de maigreur de votre animal. On peut envisager une quantité de 500 g à 1 kg par jour, mais faire très attention : introduire tout changement alimentaire très progressivement, et ne pas donner trop de granulé à un jeune. Pensez également qu’en période de grosses chaleurs, il convient de ne pas trop donner de granulé. A l’inverse, en hiver, en période de grand froid, un animal aura peut-être plus besoin de granulé.
 
Comment donner le grain ou le granulé ? Quand vous distribuez le complément, pensez que les autres lamas seront très intéressés également. Si vous posez le complément par terre, dans un seau, comment être sûr que c’est bien l’animal que vous voulez compléter qui aura sa ration ? Il y a de fortes chances que ce sera le plus fort, le plus grand, celui qui n’en aura pas besoin, qui va tout manger (c’est peut-être sans doute déjà une des causes d’amaigrissement de celui que vous vouliez compléter). Une solution : prenez celui que vous voulez au licol et à la longe, sortez-le de l’enclos, et donnez-lui alors son supplément. Vous pourrez ainsi évaluer qu’il a bien - ou non - mangé son supplément. Il y a plusieurs lamas à compléter ? Autant de lamas, autant de cuvettes, éloignées les unes des autres, pour éviter les disputes, ou que l’un n’aille chipper la nourriture de l’autre. Pensez qu’un seau trop profond est inconfortable pour un lama : il n’aimera pas plonger sa tête dans un seau étroit, où les oreilles seront malmenées (sujet sensible pour un lama !). Il laissera le granulé faute de ne pouvoir l’atteindre. Votre lama est trop glouton, mange trop vite, s’étrangle ? Choisissez une grande cuvette, bien large, plate, où le grain sera éparpillé et ne se présentera plus en couche trop épaisse.
 
On ne laisse jamais traîner un seau de grain ou granulé dans le corral, la pâture ou les abris. Cela peut présenter un très grand danger pour l’animal qui le découvre et le vide...
 
L’eau
L’eau est l’élément le plus important de l’alimentation. Ne la négligez pas. Elle représente environ 70 % du poids du corps. Les besoins journaliers sont estimés à 50 à 100 ml d’eau par kilo de poids vif. S’il y a beaucoup de rosée, les animaux boiront moins. A l’inverse, lorsque le temps est très sec (plein été) ou très froid (il gèle, donc pas de rosée), les animaux boivent plus dans leur abreuvoir. Attention au gel. De plus, l’eau trop froide peut occasionner des troubles digestifs ou des coliques. Il peut être intéressant d’installer des abreuvoirs chauffants dans les régions à hivers rudes. Les petits camélidés aiment l’eau claire et propre, leur abreuvoir doit être fréquemment nettoyé. Tout en étant des camélidés, ils supportent moins bien les privations excessives d’eau que les chameaux ou les dromadaires.
 
Les hydrates de carbone : apport d’énergie
L’énergie est fournie aux micro-organismes du Compartiment C1 de l’estomac par les hydrates de carbone. La plante est composée d’hydrates de carbones qu’on peut diviser en deux groupes : des hydrates de carbone complexes, en provenance des parois cellulaires (essentiellement cellulose, hémicellulose et lignine) et des hydrates de carbone solubles, rapidement utilisables, que sont les sucres et les amidons. L’herbe et le foin sont très riches en hydrates de carbone complexes, alors que les grains sont plus riches en hydrates de carbone solubles.
 
Dans le compartiment C1, ce sont essentiellement la cellulose et l’hémicellulose qui sont transformées par les micro-organismes. La lignine diminue la capacité de digérer la cellulose et l’hémicellulose. Schématiquement, plus une herbe pousse, plus la proportion de lignine augmente, donc un foin récolté tardivement sera de moins bonne qualité car plus riche en lignine.
 
Les grains (orge, avoine, maïs) sont une source très importante d’hydrates de carbone solubles très rapidement assimilables que sont principalement les amidons. L’amidon est plus facile à digérer par les micro-organismes que les celluloses. En cas d’apport trop important de grains, les micro-organismes convertiront trop rapidement l’amidon et produiront de l’acide lactique à la place des AGV. Il y aura alors une pathologie grave souvent mortelle appelée "acidose". Attention, à la différence des bovins qui manifestent des symptômes d’acidose dans les heures qui suivent l’ingestion de grain, les lamas et alpagas ne montrent les symptômes que 24 à 48 heures après, ce qui compromet de beaucoup l’efficacité d’un traitement. Il vaut mieux traiter avant d’attendre l’apparition des symptômes.
 
Les protéines
Quand on parle de protéines, on parle en fait d’acides aminés. Les acides aminés utilisés par le camélidé sont d’origine microbienne et proviennent des micro-organismes du C1 et C2 qui transforment les protéines végétales de l’alimentation en protéines microbiennes utilisables par l’animal. Si l’alimentation fourragère est trop peu riche en protéines, on complètera avec des aliments riches en protéines comme le soja ou certains granulés. Attention à ne pas utiliser des protéines d’origines animales responsables de l’épidémie de vache folle !
 
Les besoins estimés en protéines sont de 8 à 10 % pour les animaux en maintenance, de 12 à 14 % en fin de gestation, de 13 à 15 % en lactation, et de 14 à 16 % pour les jeunes de moins de 6 mois.
 
Les minéraux
En ce qui concerne les minéraux, je vous propose de vous reporter à l'article, que nous avons traité en Mai 2003 (voir nos  "dossiers", page des News).
 
Les vitamines
Vitamine A : utile pour la vision, protège les épithéliums (respiratoires, digestifs, reproductifs, etc), participe à la fonction immunitaire.
 
Vitamine D : aide à la fabrication des os en étant nécessaire à l’absorption intestinale du calcium et du phosphore. Elle est synthétisée par l’exposition au soleil. Une carence en vitamine D peut ainsi être la cause de boiteries ou déformation des membres chez les jeunes animaux. Les alpagas (plus que les lamas) ont du mal à synthétiser la vitamine D à partir du soleil pendant les mois d’hiver. Reportez-vous à la page 46 du livre "amas et alpagas, les connaitre les élever.
 



Vitamine E : antioxydant protecteur de la membrane cellulaire. Indispensable pour les muscles, la graisse, la reproduction et le système immunitaire. Intimement associé au Sélénium.
 

EN CONCLUSION
Les lamas ne sont pas en général des animaux difficiles à nourrir. Il faut garder en mémoire qu’ils ont besoin de fibres, donc leur laisser du foin à volonté toute l’année. également leur mettre à disposition en permanence un bloc de sel à lécher et des condiments minéraux. Même s’ils boivent peu, ils apprécient d’avoir toujours de l’eau propre. Il faut tenir compte de leur état physiologique et ne pas hésiter à vérifier leur état d’engraissement par palpation pour leur apporter si besoin un complément d’alimentation sous forme de granulé.
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C h r i s t i a n e   G i u d i c e l l i
     Lamas et alpagas - www.lama-alpaga.com
 

        
e-mail : christiane.giudicelli@free.fr
 


                                                    
 

                           Christiane Giudicelli                                                                   300 Chemin des Railles - Luzerand - 26410 - MENGLON
              37 ans d'expérience avec les lamas                                                                                       TEL :  06 19 92 07 12
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